jeudi 29 mai 2014

[Alex Evans] Pour l'honneur des Mérina

Titre : Pour l'honneur des Mérina
Auteur : Alex Evans
Editeur :Voy'el - e-courts
Nombre de pages : ~27 sur ma liseuse
Numérique uniquement. Dispo ici (sans DRM).

Améyo, fille d’une famille de riches marchands tombée dans la misère, vivote entre une belle-mère alcoolique et deux belles-sœurs. Criblées de dettes, leur jugement tombe : elles doivent tout rembourser dans trois jours, ou bien elles seront vendues comme esclaves.
En désespoir de cause, la jeune fille décide d’invoquer le fantôme de son grand-père. Il pourra peut-être lui dire où se trouve la pieuvre des Mérina. Ce joyau perdu de la famille leur permettrait de payer tous leurs créanciers.
Sauf que ce n’est pas le bon grand-père qui apparaît...

Vous aimerez :
- l'écriture fluide et légère
- l'humour et l'esprit d'aventure
- les deux personnages principaux, drôles et attachants

Vous n'y trouverez pas :
- de burlesque
- un univers approfondi
- une intrigue complexe

Mon avis ?
Faisons court mais faisons bien : j'ai adoré !!
J'avais déjà eu deux excellents aperçus de la plume d'Alex Evans, avec une nouvelle à l'unité d'une part, et avec une novella steampunk d'autre part. J'avais été conquise et charmée à chaque fois, et cette petite nouvelle ne déroge pas à la règle :-)

Alex Evans a un don pour élaborer des univers intéressants en peu de lignes. Ici, nous évoluons dans le microcosme d'une famille marchande, qui elle-même vit dans une ville portuaire à l'ambiance à la fois familière et exotique. Améyo, le personnage principal, est la fille héritière d'une famille déchue et n'a pas le choix : elle doit retrouver le joyau perdu de sa famille afin de rembourser les dettes de ses ancêtres, sous peine de finir esclave ! Mais voilà... en invoquant l'esprit de son grand-père, elle découvre un secret familial en même temps que la trace de la fameuse pierre, et son existence entière en est chamboulée, encore plus que si elle finissait esclave... je ne vous en dis pas plus afin de vous laisser la surprise, car c'était vraiment bien trouvé ^^
Ce qui est certain, c'est que l'esprit a un humour frappeur (moi pas, j'ai pas trouvé mieux comme jeu de mots, rah la la ^^), et Améyo est un personnage déterminé qu'on prend plaisir à suivre. Le ton général de la nouvelle est léger, en dépit de la gravité des événements dépeints, et donne un rythme agréable à la nouvelle, sans pour autant que ce soit trop rapide : on nage en pleine aventure et les événements s'enchaînent dans un rythme parfait !

Difficile de faire une longue chronique sur un texte aussi court. J'ai vraiment adoré l'univers, le personnage d'Améyo, et la chute de la nouvelle... Je vous recommande chaudement ce texte, que ce soit pour découvrir la plume d'Alex Evans ou poursuivre l'exploration de ses micro-univers. Alex Evans a le chic pour présenter et explorer des univers fantasy d'éléments assez classiques, mais agencés avec brio et originalité ! Pour l'honneur des Mérina est une réussite, qui vaut absolument le détour, surtout si vous êtes en quête de fantasy légère et optimiste, ce qui se fait rare en ce moment !

Bref, c'est un coup de cœur ! :-)

lundi 26 mai 2014

[Collectif] Montres enchantées

Titre : Montres enchantées
Auteur : Marie Angel, Marie Lucie Bougon, Esther Brassac, Fabien Clavel, Sophie Dabat, Hélène Duc, Clémence Godefroy, Cécile Guillot, Claire Stassin, Geoffrey Legrand, Lucie G. Matteoldi, Pascaline Nolot, Laurent Pendarias, Marine Sivan, Marianne Stern, Vincent Tassy, Adeline Tosello
Editeur : Editions du Chat Noir
Nombre de pages : 396 (en version papier)

Indécis entre fuite et union, le temps est un amant insaisissable. Omniprésent, dès qu’on le regarde, il s’efface pourtant, déjà évanescent. Inlassablement, il permet croissance ou use jusqu’à l’extinction. L’être humain pourchasse depuis toujours ce dieu créateur et destructeur, en quête de son asservissement. Secondes, minutes, heures… L’esprit cartésien a beau le fractionner, il n’en demeure pas moins incontrôlable.
Et si la relecture de notre passé, de notre culture, ou encore du progrès scientifique nous en accordait la maîtrise, l’Homme saurait-il mieux gérer son temps ?
Plongez-vous sans perdre une minute dans cette anthologie et peut-être, parmi ses pages, percevrez-vous le tic-tac de ces montres enchantées.




Vous aimerez :
- la superbe couverture et la maquette élégante
- la variété des approches, des styles
- découvrir de nouvelles plumes de talent, complètement inconnues jusqu'à lors
- l'excellence générale des textes

Vous n'y trouverez pas :
- de texte déprimant !
- de hors-sujet
- de texte qui renouvelle le genre ou sorte de la sphère européenne

Mon avis ?
Le steampunk a la côte en ce moment, et le nombre de publications dans le genre ne cesse chaque mois d'augmenter (oui, à ce point !). Les éditions du Chat Noir inaugurent leur collection "Black Steam" avec cette anthologie sur le thème des montres et autres mécanismes temporels enchantés... et je dois dire que c'est une réussite. Sans être un coup de cœur, cette anthologie a su me faire voyager, rêver, rire et frémir !

Le voyage commence avec la magnifique couverture sépia signée Catherine Nodet, qui réussit à rendre chaudes des couleurs pourtant assez froides... joli ! Il se poursuit avec des textes très bien agencés : on constate une progression logique, un fil rouge suivi, en même temps que le soin apporté aux variations de rythmes, d'ambiances, de types, etc. Le tout donne une anthologie assez équilibrée, qui comporte pas moins de dix-sept nouvelles. Parmi elles, beaucoup de plumes inconnues, dont certaines trèèèès belles surprises et d'autres moins (deux ou trois textes n'avaient à mon sens pas leur place dans cette anthologie, car pas assez aboutis, mais c'est peut-être une question de goût...). Mis à part cela, le seul reproche que j'aurais à faire, éventuellement, c'est le manque de curiosité culturelle des auteurs : toujours l'Angleterre, ou Paris, et toujours le 19e siècle... je veux bien que le steampunk plonge ses racines dans l'Angleterre victorienne mais un peu de changement ne serait pas malvenu, d'autant plus que si je trouvais original de croiser Sherlock Holmes à travers les textes steampunk, je commence à trouver ça lassant... néanmoins, dans l'anthologie, deux ou trois textes brisent la monotonie de cette uniformité victorienne, et je vais d'ailleurs vous en parler. ^^

Si je devais ne retenir que quatre textes, ce seraient...
* Tourbillon aux Trois Ponts d'or, de Fabien Clavel : un mystère à huis-clos, une bulle temporelle dans laquelle un inspecteur et son assistant se retrouvent enfermés malgré eux... tout pour me plaire ! La fin de la boucle temporelle ne prendra fin que s'ils découvrent pourquoi le macchabée dans la pièce est mort. Le style est fin, ciselé. Le décor travaillé. Les personnages surprenants. Et la résolution du mystère... pas évidente ! Une nouvelle dans la plus pure tradition du mystère à huit-clos, j'ai adoré !
* Je reviendrai..., de Laurent Pendarias : auteur inconnu au bataillon, qui explore le thème du paradoxe temporel avec des machines envoyées dans le passé pour tuer un homme... nul autre que Kant ! J'ai adorer croiser ce personnage, le voir jouer de rhétorique et de philosophie. Le style est maîtrisé, le décor original, l'intrigue simple mais efficace... et la chute inattendue !! Très belle plume, j'espère en lire davantage de sa part à l'avenir !
* Le Club des érudits hallucinés, de Marie-Lucie Bougon : voilà un texte difficile à résumer sans vous gâcher le plaisir de la découverte... disons qu'il s'y trouve un soupçon de S.-F. à cause de son thème principal (les machines ont-elles une âme ?), mais que sa principale force réside dans sa galerie de très nombreux et très attachants personnages ! Tous sont croqués tour après tour, et cette série de portraits à l'ancienne mode de la fin du 19e siècle m'a vraiment émue et charmée. Plume inconnue au bataillon, là encore, et pareil, j'espère en lire plus très bientôt.
* When Times Drive You Insane, de Lucie G. Matteoldi : encore une première publication pour une auteur inconnue, et... woaw !! Certainement ma nouvelle préférée d'entre toutes, qui mélange drame, mythologie grecque et steampunk. Il s'agit ni plus ni moins que d'une réécriture steampunk du mythe d'Orphée et d'Eurydice, et tout, de la forme à l'intrigue, regorge de surprises et d'originalité. C'est beau, émouvant, très bien écrit. Bref, je crois que c'est ma nouvelle préférée de toute l'anthologie !

J'ai également aimé d'autres nouvelles, comme Et depuis, je compte les heures, qui ouvre l'anthologie, ou The Pink Tea Time Club, qui nous présente l'univers de la série numérique éponyme de Cécile Guillot (également publié aux éditions du Chat Noir). Pacte mécanique était également une belle découverte.

Vous l'aurez compris, Montres enchantées est une sympathique anthologie où tout le monde devrait trouver son compte, à condition bien entendu d'aimer le steampunk. A conseiller aux férus du genre, comme à ceux qui souhaiteraient s'y initier. ^___^

lundi 19 mai 2014

C'est lundi, que lisez-vous ? #83

Ce que j'ai lu la semaine passée :


Ce que je suis en train de lire :

Ce que je vais lire ensuite :

Un petit détour hors programme avec un livre pour ados complètement barré, hyper drôle et sensible : Comment (bien) rater ses vacances ! Je ne vais pas en fair ela chronique ici, mais si vous voulez de la bonne littérature blanche ado, avec un fou rire à la page... la chronique faite par Caro sur son blog vous donnera bien le ton ^^
Mis à part ça, j'ai bien aimé l'anthologie Montres enchantées et je continue ma cure de steampunk avec Les Voies d'Anubis, dont je suis à la moitié à peu près. J'adore l'écriture de Tim Powers, son humour, le chemin inattendu que prend l'intrigue, laquelle se déroule à un rythme soutenu... j'adore ^^
Je vais commencer le livre d'Estelle Faye dès ce soir : envie d'un conte plein de poésie, et ce livre sera parfait pour ça :-)

Et vous, que lisez-vous de beau ce lundi ? ^^

vendredi 16 mai 2014

[Julien Pinson] La Plume du Quetzalcóatl

Titre : La Plume du Quetzalcóatl
Auteur : Julien Pinson
Editeur : Voy'[el]
Nombre de pages : 244 (en version numérique)

Après sept années passées au Nouveau Monde, le Pacifieur Impérial Arthorius revient à Rome avec, dans ses bagages, un colis bien embarrassant : une plume étrange qui jette le discrédit sur une des figures majeures de l’Empire Romain Millénaire : La Déesse Athéna, elle même.
Arthorius se trouve alors plongé, malgré lui, au centre des intrigues olympiennes dans une enquête qui le conduira jusqu’à la Frontière, au cœur des Montagnes Rocheuses.
Au fil de son voyage rien ne lui sera épargné, ni les courses poursuites avec les gangs de Néo Rhodes, ni les fusillades avec les tribus indiennes, pas même la compagnie de Dom, un faune vétéran de la légion, adepte du sarcasme à outrance.

Vous aimerez :
- le point uchronique choisi (hyper original !)
- y découvrir un steampunk qui ne soit pas victorien (ça change !)
- l'humour omniprésent (mais pas envahissant)
- le style, très léché

Vous n'y trouverez pas :
- des personnages très proches du lecteurs
- une intrigue au rythme régulier
- de sentiments/d'introspections

Mon avis ?
Cela faisait un moment que cette fameuse plume ne narguait depuis ma liseuse et, tout récemment, j'ai répondu à son appel... ce roman m'intriguait principalement à cause de l'aire culturelle choisie pour développer le steampunk. On est très habitués au steampunk victorien, avec Sa Majesté Victoria, etc. Ici... on en est bieeeen loin ! Au contraire, on plonge dans un steampunk antique, très mélangé, où l'empire romain côtoie le nouveau monde amérindien. On croise des Hoplites, une arène de combat, une Rôme au mieux de sa forme, très populeuse et vivante... l'univers est un vrai régal pour le lecteur, il fourmille d'inventions folles, loufoques, mais aussi de personnages aux origines variées, plus ou moins bariolés... un régal pour les yeux ! Chaque page recèle une surprise à la sauce steam, ou d'un indice quant au point d'uchronie choisi par l'auteur...

Ce point d'uchronie, justement, n'est jamais évoqué clairement, mais j'ai si j'ai bien suivi le jeu de piste lancé par l'auteur dès le premier chapitre, je *crois* qu'il s'agit de la guerre de Troie. Guerre de Troie dont nous profitons d'un récit conté au milieu du roman, un de mes passages préférés ! J'ai adoré cette revisitation du mythe, qui commence de façon très classique, presque réelle, avant de plonger dans l'uchronie la plus totale avec l'intervention des Amazones et autres peuples. Vraiment génial ! Je suppose, du coup, que l'expression "cheval de Troie" n'existe pas dans cet univers... vu que l'événement n'a jamais eu lieu, si je me souviens bien de ma lecture ;-)

L'univers est donc le gros point fort de ce roman, son pilier pourrait-on dire. Pour le reste... j'avoue être plus mitigée.
Tout d'abord, je n'ai pas accroché aux personnages. Mis à part le satyre Dom, qui est l'acolyte du héros et qui n'a pas la langue dans sa poche, je les ai trouvé assez "uniformes", dans le sens où l'on explore qu'une seule facette d'eux et que l'auteur n'approfondit pas. J'aimais beaucoup Artorius au début, le héros, mais au final je l'ai trouvé un peu lisse. Trop parfait, trop militaire. En fait, ce qui manque à ces personnages, c'est un peu d'émotions, un supplément d'âme que seul Dom semble posséder, puisqu'il est le seul à avoir... des défauts ! Des défauts qui l'ont rendu humain, attachant à mes yeux.
D'autre part, si l'intrigue est excellente, sa mise en place m'a laissée songeuse. Je l'ai trouvée présentée de manière assez décousue : certains éléments auraient mérités d'être présentés plus tôt, d'autre plus tard... sans tomber dans l'analyse structurelle, c'est ainsi que je l'ai ressenti.
 
Donc voilà, je suis un peu partagée sur ce roman : il est d'excellente facture, super bien écrit, très drôle, avec un univers hyper approfondi... peut-être même trop présent par moments, au détriment du rythme de l'intrigue, c'est ça en fait qui m'a gênée le plus. Et qui fait que l'intrigue a un aspect décousu. De même, les personnages sont un peu "noyés" dans cet univers gigantesque et fantastique. En fait, je crois que si le roman avait eu une centaine de pages de plus, les personnages auraient pu avoir plus de place pour s'exprimer, et l'intrigue pour se déployer.

Au final, j'ai plutôt aimé, et ce que je retiendrai surtout de ce livre, c'est la minutie avec laquelle l'auteur a su créer son univers steampunk et le développer, à bien des niveaux, tant sociaux, religieux, économiques et militaires. Un exemple à suivre en termes d'univers steampunk !

lundi 12 mai 2014

C'est lundi, que lisez-vous ? #82

Ce que j'ai lu la semaine passée :

Ce que je suis en train de lire :

Ce que je vais lire ensuite :


Ça y est, je suis venue à bout de la trilogie Fils-des-brumes ! \o/ C'était vraiment une très très bonne lecture, excellente même, mais pas un coup de cœur à cause du manque d'empathie avec les personnages, que j'ai trouvé trop surhumains sur la fin... je les préférais au premier volume, mais c'était vraiment une trilogie géniale et super bien pensée ^^
Actuellement, je dévore du steampunk : j'ai bien entamé l'anthologie Montres Enchantées aux éditions du Chat Noir, qui offre vraiment de belles nuances de steam ! Et parallèlement, je n'ai pas résiste aux sirènes du roman fondateur du genre : Les Voies d'Anubis, de Tim Powers, qui a vraiment un style très particulier, vraiment génial. J'aime particulièrement ses métaphores et choix de comparaison, qui sont originaux et bien trouvés !
Ensuite... je pense changer d'ambiance et me tourner vers l'Asie, soit avec Estelle Faye, auteur francophone ayant produit un conte chinois de fantasy, soit avec Miyabe Miyuki, une auteur de polar japonaise que j'adore ^^
Je ferai selon l'envie du moment !

Et vous, que lisez-vous de beau ce lundi ? :D

jeudi 8 mai 2014

[Collectif] En-Dessous

Titre : En-Dessous

Auteur : Dirigé par Estelle Faye, présence de nouvelles de Tepthida Day, Fabien Clavel, Johan Scipion, Laurent Salipante, Sylvain Johnson, Guillaume Mézin, Anthelme Hauchecorne, Thomas C. Durand, Raphaël Boudin, Olivier Boile.
Editeur : Parchemins & Traverses
Nombre de pages : 280

Qu'est-ce qui se trame sous nos pieds ?
Pour sa neuvième anthologie, Parchemins et Traverses cède à l'ivresse des profondeurs, plonge aux tréfonds des abysses, explore les souterrains et entrailles de nos villes, et sonde les mystères des civilisations englouties.
Dix auteurs, dix nouvelles entre les jungles d'Asie et les glaces du Grand Nord, les chemins du Moyen-âge et la banlieue parisienne...
Sur les traces d'Ambre la punkette et de son prince sanguinole, de Minos le mineur d'après l'Apocalypse ou encore d'Anguta, le passeur du monde des morts....

Vous aimerez :
- explorer les différents niveaux des entrailles terrestres
- la variété des styles
- l'extrême élégance de l'anthologie

Vous n'y trouverez pas :
- de nouvelles spécialement optimistes
- d'autres planètes que la nôtre !

Mon avis ?
J'ai beaucoup aimé cette anthologie, et ce, sur bien des aspects !
Je voudrais d'abord saluer le travail éditorial extrêmement soigné, entre la magnifique couverture et les multiples illustrations intérieures en noir et blanc, sans compter la maquette très claire et très propre... c'est vraiment un bel objet ! Il nous met directement dans l'ambiance, je le trouve vraiment superbe. ^^
Au-delà de l'apparence, qu'y a-t-il là-dessous, derrière cette couv ? (oui, bon, je devais la faire celle-là !) Des nouvelles, donc, au nombre de huit si je me souviens bien. Mis à part deux titres auxquels je n'ai pas du tout accroché, non pour des raisons de qualité littéraire mais bel et bien de goût personnel, j'ai adoré !! Comme l'antho est assez courte, je me permets un tour de table nouvelle par nouvelle :

* Revoir les étoiles, Tepthida Day : une nouvelle poétique, très douce et bien écrite. Nous sommes en Asie centrale, sur un chantier en pleine forêt, et l'un des travailleurs va tomber quelque part en-dessous, très au fond... pour découvrir un peuple fascinant inspiré des nagas. Je n'en dis pas plus. Sans être inoubliable, cette nouvelle m'a fait passer un très bon moment de lecture et constitue une excellente ouverture !

* Cénotaphe, Fabien Clavel : l'écriture de Fabien Clavel est comme toujours un régal. Sa nouvelle repose sur la notion de terre et de souvenir, le "dessous" étant aussi bien physique que mental, ou métaphysique, puisqu'il représente à la fois la terre nourricière de l'enfance, mais aussi celle à laquelle nous reviendrons dans bien des années (enfin, je l'espère !). Un peu déprimante, mais très belle, avec une charge symbolique puissante !

* Le Terrier, Johan Scipion : une nouvelle qui reprend le thème d'Alice et du lapin blanc (il en fallait bien une ^^), et que j'ai moyennement aimé, pas pour l'écriture ou le scénario, qui sont tout deux très bien travaillés, mais parce que l'émotion du texte ne m'a pas touchée. Je me suis énervée toute seule car j'ai adoré les premières pages mais, ensuite, je n'ai pas réussi à rentrer dans le texte. Dommage ! :/

* Le Système d'Extinction, Laurent Salipante : on explore les grands fonds marins, un thème que j'adore ! Nous suivons deux aventures : l'une est humaine, contemporaine, et marche dans les pas d'un explorateur-biologiste qui découvre dans les abysses les traces d'une civilisation trop ancienne pour y croire... quant à l'autre, il s'agit d'un des représentants de cette espèce, éteinte depuis une grande catastrophe. Les destins croisés sont émouvants, et la nouvelle très bien construite !

* Dans la merde jusqu'au cou, Sylvain Johnson : tout commençait bien, jusqu'à ce que le personnage tombe littéralement dans une fosse sceptique... et que je n'en vienne à avoir mal au cœur ! Ce qu'on peut dire c'est que l'auteur sait faire des descriptions évocatrices et vraiment peu ragoûtantes. Un texte difficile à lire à cause de son atmosphère délétère et étouffante, ce qui m'a presque fait passer à côté du texte, mais à la chute vraiment bien trouvée !

* La Marche des Endogés, Guillaume Mézin : un texte qui avait tout pour me plaire : des références mythologiques, un monde post-apo, un couple de personnages qui remontent vers la surface en traversant les différentes strates, et des trouvailles stylistiques superbes... mais voilà : le texte est pour moi bien trop long, trop lent, et dès la moitié j'ai commencé à m'ennuyer... il aurait selon moi mérité d'être plus court pour être plus percutant. Après, c'est une question de goût, j'en ai bien conscience...

* Le Roi d'Automne, Anthelme Hauchecorne : aaaah, cette nouvelle ! LE gros COUP DE CŒUR ! Juste gé-niale ! Ça se passe dans les entrailles de la ville d'Arras, dans les boves, et ensuite dans le royaume souterrain du Sidh, là où crèchent les fées ! Bien entendu, tout ça se passe une nuit de Samain, sinon ça n'aurait aucun intérêt pour les deux humains perdus, héritiers d'une société secrète, qui doivent passer leur épreuve d'initiation et ramener un objet chacun du royaume Sidh ! Sauf que, voilà, tout n'est pas si simple qu'il y paraît... un texte qui joue sur les apparence, sur les multiples dimensions du "dessous", à la fois physique, sémantique, symbolique, etc. Il y a tout dans ce texte ! Le style, la force évocatrice, la poésie, l'univers déployé extrêmement intéressant, l'humour, les personnages attachants, le rythme... wow, wow, wow ! La nouvelle est longue, la plus longue du recueil, mais on ne s'ennuie pas une seule seconde ! En plus, j'ai découvert grâce à la bio de l'auteur que ce texte appartient à l'univers d'Âmes de Verre, un roman de l'auteur qui est dans ma PAL depuis quasiment un an... bon ben on va le sortir de là-dessous, hein ! ;-)

* Ascendance, Thomas C. Durand : une nouvelle en apparence classique, qui se révèle bien plus profonde que ne le laissent présager les premières pages ! L'auteur a su renouveller avec beaucoup d'inventivité et de rythme le mythe de la quête de la surface. Cette chute... ah la la, je ne l'ai pas vue venir, et j'ai adoré ! Une plume que je découvre et que je suivrai avec beaucoup d'intérêt.

* L'Appel de Sirannon, Raphaël Boudin : Ce texte rejoint malheureusement le rang de ceux qui n'ont pas su m'accrocher... il s'agit plus ou moins d'un pastiche lovecraftien, et je crois qu'ici, c'est le format choisi qui m'a déstabilisée et perdue, ainsi que les bien trop longues phrases et l'humour auquel je n'ai pas vraiment adhéré (il reposait sur l'hyperbole, si j'ai bien compris, et malheureusement ce n'est pas ce genre d'humour qui me fait rire :/). Un pari risqué de la part de l'auteur, mais la sauce n'a pas pris avec moi ! Dommage :(

* Le Cueilleur de Morts, Olivier Boile : l'antho s'ouvrait tout en poésie... et se referme de même. Un texte glacé, où souffle le vent de l'éternité, quelque part entre Adlivun et le monde des vivants. Une mythologie rarement exploitée, celle des Inuits, et ici mise en scène avec beaucoup de sensibilité et de beauté. Un texte que j'ai adoré, et dont le souvenir perdurera longtemps grâce à son ambiance si particulière.

En résumé, En-Dessous est une très bonne anthologie : bien pensée, bien faite, très équilibrée, qui ne se répète pas... une réussite ! Et en plus il y en a pour tous les goûts - c'est peut-être ce qui fait que j'ai moins aimé certains textes que d'autres. Le niveau est excellent d'un bout à l'autre, que les auteurs se rassurent ! Certaines nouvelles valent le détour rien que pour elles seules. Je pense notamment au Roi d'Automne ou au Cueilleur de Morts, mais aussi le Système d'Extinction dans un autre genre.
Les genres sont très variés, je regrette simplement l'absence de SF, c'est dommage, il y aurait eu pleine de choses à faire sur le thème de l'exploration spatiale minière, etc. Mais c'est pas très grave, car l'antho est vraiment bien équilibrée telle qu'elle est !

Une plongée sous la surface, loin dans le murmure des mots, au fond des royaumes engloutis de terre et d'eau... une anthologie que je vous recommande chaudement !

lundi 5 mai 2014

C'est lundi, que lisez-vous ? #81

Ce que j'ai lu les semaines passées :

Ce que je suis en train de lire :

Ce que je vais lire ensuite :

J'ai mis la revue Fictions en pause, pas qu'elle soit mauvaise mais, je sais pas, je suis pas d'humeur à lire le genre de SF qu'ils proposent, donc au lieu de laisser traîner de lundi en lundi... en pause !
Pourtant, j'ai surtout envie de lire des nouvelles, en ce moment : vu qu'à côté je suis toujours plongée dans les pavés de Brandon Sanderson (1000 pages ou plus par volume, quand même !), un texte court fait du bien, surtout pour changer d'ambiance ^^
J'ai dévoré la fin de l'anthologie En-dessous d'une traite, du coup, alors que je m'étais promis de la faire durer... qu'à cela ne tienne, je passe à l'anthologie Montres enchantées des éditions du Chat Noir, qui paraît-il est excellente elle aussi ^^
Pour En-dessous, l'antho n'est pas un coup de cœur global mais j'ai beaucoup aimé, et il y a dans le lot l'une des meilleures nouvelles que j'ai jamais lues, de tous les temps, tous les genres, tous les... bref, une pépite dont je vous reparlerai dans la future chronique !!
Si je finis le Brandon Sanderson cette semaine, je pense ensuite m'attaquer à Porcelaine d'Estelle Faye, qui est assez court (moins de 300 pages) comparé aux pavés de Fils-des-brumes et me tente depuis un long moment ^^

Et vous, que lisez-vous de beau ce lundi ? ^^

vendredi 2 mai 2014

[Michel Honaker] Carabosse

Titre : Carabosse : La Légende des cinq royaumes

Auteur : Michel Honaker
Editeur : Flammarion
Nombre de pages : 372

La légende de la fée maléfique de La Belle au Bois Dormant.

La belle Cara est maudite : elle est bossue. Par dépit amoureux, elle tombe du côté obscur de la magie et devient la Fée du Vent Mauvais. Elle n'aura de cesse de se venger de sa sœur, en maudissant son héritière, la belle Aurore, la princesse du Bois Dormant. Après 99 ans, Lilas, dernière fée survivante à avoir échappé à l'horrible régence de Carabosse, part chercher le prince charmant destiné à sauver Aurore, endormie le jour de ses 18 ans...

Vous aimerez :
- découvrir l'envers du conte de la Belle au bois dormant
- la galerie de personnages
- l'écriture, belle, fine, ciselée
- le vent de légende qui souffle sur les pages
- le réseau de symboles extrêmement resserré

Vous n'y trouverez pas :
- un personnage d'Aurore très présent
- un rythme haletant
- une intrigue convenue

Mon avis ?
Tout le monde connaît l'histoire de la Belle au Bois Dormant, mais s'est-on jamais penché sur les origines du conte ? Sur les causes qui ont amené Aurore à être maudite par l'une des fées qui s'est penchée sur son berceau ? Quelle fée ? Pourquoi ? Comment ? Carabosse répond à toutes ces questions, et l'auteur nous offre là un magnifique roman qui plonge aux racines du conte, dans ses recoins les plus sombres et les plus méconnus.

Je vais faire court : j'ai adoré ! Je m'attendais à ne pas être du tout surprise par cette réécriture de conte et, bien au contraire, je l'ai été de bout en bout. C'est un bijou !
 
Déjà, dès le début, nulle trace d'Aurore : on suit les pas de son père, le roi du futur Bois Dormant, un monarque jeune, très attachant, qui mène sa première campagne militaire. Décidé à protéger son royaume, le roi Florestan est conseillé par son fou, Trublion, un nain très attachant et qui, on peut le dire, porte l'intrigue sur ses épaules. De bout en bout, plus encore que la fée Cara, c'est lui que l'on va suivre. Cara n'apparaît qu'au bout de quelques chapitres, quant l'armée en déroute de Florestan se réfugie dans le château de son père. Mais Florestan, d'abord charmé par Cara, tombe éperdument amoureux de sa sœur, Léonore... qui sera la mère de la future Aurore.
Si ainsi résumé ce tournant scénaristique peut sembler convenu, il n'en est rien de la manière dont l'auteur l'écrit, le met en scène, l'amène par petites touches... il prend beaucoup de soin à insuffler une nouvelle charge légendaire aux symboles qui parsèment le conte de la Belle au Bois dormant : le motif de la tisseuse (de vent, d'intrigues, de mort...) est parfaitement repris, et Cara nous apparaît comme une araignée venimeuse du plus bel effet ! Souvent absente mais toujours dans l'ombre, elle tire sur les fils de l'histoire... jusqu'au jour où tout lui échappe, bien sûr, mais cela n'a lieu qu'à la toute fin du récit.

Née humaine, rendue jalouse par l'amour que Florestan porte à sa sœur, Cara deviendra vite fée pour se venger. Une fée nommée Carabosse, créée par le Vent Mauvais, qui s'emploiera à tuer toutes les autres fées qui auront béni la jeune Aurore ainsi que le couple Florestan-Léonore.
Les fées, justement, ont un rôle important dans le récit, notamment la fée Lilas, du royaume de Mataquin, qui contrecarrera le funeste plan de Carabosse : au lieu de mourir sur le champ le jour de ses 18 ans, Aurore s'endormira simplement, ainsi que tout son Royaume... Lilas est un personnage  délicieusement, dont on ne sait trop bien pour qui elle œuvre. Peu à peu, néanmoins, notamment au contact du nain Trublion, elle s'humanise et comprend même l'amour que le pauvre fou ressent à son égard, au point de le protéger par compassion. Car les fées sont séduisantes, et ô combien dangereuses... les multiples manières dont se présentent leurs pouvoirs (le pouvoir effectif des mots, par exemple !) sont extrêmement bien trouvés, et vraiment bien mis en scène. J'ai adoré !

On plonge donc dans l'envers du conte, l'histoire qui n'a pas été racontée. On s'intéresse à ceux que le conte n'a pas retenu comme héros, que le conte n'a même jamais cité parfois. Michel Honaker explore cette partie inconnue du conte avec un brio qui se renouvelle à chaque chapitre, chaque page ! C'est vraiment extraordinaire, cette façon qu'il a eue de recréer l'envers du conte, en partant de presque rien. Extraordinaire, cohérent, et à ce point dense qu'on a ici matière à créer d'autres contes, d'autres histoires se tenant dans les Cinq Royaumes !

Bon, je me répète, je sais, mais j'ai adoré. Je ne saurai que trop vous conseiller ce roman, si vous aimez les contes et les réécritures réussies. Ici, l'auteur ne s'est pas contenté de réécrire, il a exploré une partie inconnue du conte originel, et la qualité s'en ressent grandement : c'est grand, c'est beau, c'est... épique !

Un coup de cœur, vraiment inattendu pour ma part, car d'ordinaire les contes m'ennuient profondément. Vraiment surprenant. Fin. Ciselé. Merveilleux... Je vous le conseille mille fois ! De plus, il se dégage une telle poésie de l'écriture... ce serait dommage de passer à côté, rien que pour cela ;-)

Merci aux éditions Flammarion pour cette superbe découverte !