samedi 20 juillet 2013

[Anton Parks] Les chroniques du Girku 1

Titre : Les chroniques du Girku, tome 1 : Le secret des étoiles sombres
Auteur : Anton Parks
Editeur : J'ai Lu
Nombre de pages : 510 pages

Voici le début d'une saga à nulle autre pareille où prennent brusquement vie des mythes, dont seule la poussière soulevée par les archéologues avait jusqu'ici révélé quelques fragments. Il était donc une fois, bien avant Sumer, tout un ensemble hétéroclite de personnages - clones surdoués, prêtresses fascinantes et mystérieuses, souverains arrogants et autres dragons redoutables - ayant pour point commun, entre autres, d'avoir appartenu au passé d'avant la Terre des Hommes, et surtout de ne pas être issus de cette dernière, c'est-à-dire de venir d'"Ailleurs". Or, qui étaient donc les "Dieux" Anunnaki des tablettes sumériennes ?
Anton Parks nous propose ici sa vision des choses par le biais fort singulier d'une aventure intérieure, qui lui a permis de découvrir un corpus de connaissances qu'aucune érudition nantie de laborieuses recherches n'aurait pu lui offrir. De sa plongée - bien involontaire - dans les vestiges du temps, il nous ramène ainsi l'histoire de ceux qui ont en partie marqué l'humanité de leur patte indélébile : les dragons de nos contes de fées se voient ainsi directement liés à notre existence même.


Vous aimerez :
- remettre en question tout ce que vous savez
- voyager jusqu'aux origines du monde
- le côté archéo-SF
- les multiples précisions linguistiques
- l'immersion totale

Vous n'y trouverez pas :
- un récit facile à lire
- un récit fluide
- de certitudes historiques

Mon avis ?
En commençant ce beau pavé de 500 pages, je ne savais pas à quoi m'attendre... sans mauvais jeu de mots, il faut dire que ce roman de SF est à proprement parler un OVNI, à la fois par son sujet, son approche, et son style d'écriture.

Le sujet, tout d'abord, ainsi que son approche car les deux sont intimement mêlés dans ce roman : il s'agit ni plus ni moins d'une réécriture romanesque des tablettes de Sumer, celles-là même qui inspirèrent certains auteurs anonymes pour l'écriture de la Bible. C'est vous dire à quel point elles sont anciennes, et à quel point leur interprétation peut s'avérer hasardeuse. Mais Anton Parks se présente comme un spécialiste en la matière et, dès le début, promet de nous donner toutes les clés pour comprendre les liens entre son œuvre et ces écrits vieux de plusieurs millénaires...

Dans une introduction forte d'une cinquantaine de pages, l'auteur nous explique pourquoi il faut repenser l'histoire de l'humanité, et comment nous nous fourvoyons sur nos origines. Il relève avec minutie toutes les preuves que les archéologues, anthropologues et autres refusent de voir ou, du moins, d'aborder sérieusement car elles remettraient tout en cause : ces empruntes de pas humanoïdes dans une couche de sédiments fossiles, datant de l'époque de nos amis les dinosaures ; ou ces sphères très anciennes retrouvées en Amériques, rigoureusement identiques, parfaitement sphériques, taillées dans un alliage de métal que presque rien ne peut érafler et, donc, élaborées via une technique impossible pour l'époque sans qu'une aide extérieure ait été apportée... extérieure, donc extra-terrestre ? C'est la question qu'Anton Parks n'hésite pas à poser d'entrée de jeu : et si le chaînon manquant de l'humanité se trouvait là, dans l'espace ? Et si une espèce intelligente avait foulé le sol de la Terre bien avant l'arrivée humaine ? Et si ces "êtres tombés du ciel" révérés par les Sumériens comme des dieux n'étaient autre que les représentants d'une espèce extra-terrestre dont la civilisation de l'époque était d'ores et déjà bien plus avancée que la nôtre aujourd'hui encore ?

Un sujet passionnant, une problématique mystérieuse, j'étais conquise ! D'autant plus que l'auteur concède qu'il ne cherche pas à nous livrer une vérité toute faite, mais au contraire à nous amener à réfléchir sur la façon dont on pense et a pensé, jusque là, l'odyssée de notre espèce.

C'est donc avec bonheur et délice que j'ai plongé dans ce roman. Il commence très fort, au cœur de la civilisation extra-terrestre, à des centaines d'années lumière de notre bonne vieille Terre (dont on entend beaucoup parler mais qu'on ne voit quasiment pas). L'histoire débute ainsi : narrée par le clone d'un autre, nous assistons à sa naissance, à sa découverte du monde confrontée à ce qu'il sait déjà grâce à ses connaissances implantées dans son cerveau dès le début de son clonage, mais aussi à ses remises en questions et à l'émergence d'une nouvelle identité qui l'amènera à faire ses propres choix et non pas à suivre le programme implanté par son créateur, qui a de grands plans pour lui et l'univers. Mais Sa'am est-il vraiment doué de volonté propre ou ne fait-il que suivre, au final, la volonté de son créateur contre laquelle il tente pourtant d'aller ? Cette question n'est ni plus ni moins que le fil conducteur du roman, fil conducteur autour duquel de greffent des questionnements d'ordre ésotérique, biologique et linguistiques, etc.

Anton Parks a su mélanger avec brio des éléments tirés de l'archéologie alternative, de l'ésotérisme, des origines tantriques du bouddhisme (enfin, moi, c'est ce que j'ai cru reconnaître dans certains passages), ce qui donne à son roman une tessiture et un caractère à nul autre pareil.

Le seul et unique reproche que j'aurais à faire à ce roman, ce sont ses longueurs. Si le début est un festival de découvertes fantastiques et la fin une grande fresque pleine de rebondissements passionnant, le milieu souffre à mon sens d'un trop plein d'explications diverses et variées qui alourdissent le récit. Des digressions certes très intéressantes, mais trop fouillées, qui plombent le rythme. Je citerais par exemple cet entier chapitre où plus d'une vingtaine d'articles d'une loi écrite par les personnages sont relatés, sans coupure. Était-ce vraiment utile d'introduire les éléments de scénario de cette façon ? N'aurait-il pas été plus utile de les reformuler aux moments opportuns plutôt que d'asséner le texte de loi de cette façon ?
Ceci est un exemple parmi d'autres – le plus flagrant, je dois dire – mais la partie centrale du roman en regorge et cela a beaucoup ralenti ma lecture car mon intérêt pour l'histoire en prenait un coup.

Heureusement, les cent dernières pages du roman sont une merveille, une conclusion en apothéose qui me donne très envie de mettre la main sur le tome 2 de ces chroniques qui, si elles sont parfois trop fouillées au détriment du rythme, n'en restent pas moins passionnantes.

En conclusion, Anton Parks nous livre là une odyssée spatiale de l'espèce, dense et exigeante, dont la plume immersive vous mènera tant aux confins de l'univers et du temps, qu'aux limites de vos propres croyances sur l'origine du monde... un roman intelligent qui pousse à réfléchir sur nos origines et marque durablement notre parcours de lecture.

3,5/5

Merci beaucoup aux éditions J'ai Lu et au forum de Mort-Sûre pour ce partenariat qui, c'est certain, aura été marquant dans le paysage personnel de mes lectures !

2 commentaires:

  1. J'aime bien le côté archéo de la chose, après je ne sais pas si je m'y attaquerais. Les 500 pages me rebutent surtout s'il y a des longueurs. Dans le même style (archéo) aurais-tu un conseil à me donner?

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    1. Malheureusement, rien ne me vient à l'esprit. J'y réfléchirai et, si je trouve quelque chose, sois sûre que j'en parlerai ici. :)

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