dimanche 2 septembre 2012

[Collectif] La guerre, anthologie d'une belligérance

Titre : La guerre, anthologie d'une belligérance
Anthologistes : Yael Asia et Merlin Jacquet
Auteurs : Léo Henry, Luvan, Stéphanie Benson, Stéphane Beauverger, Jérôme Noirez, Jacques Mucchielli, Li-Cam, Jean-Michel Calvez, PIerre Bordage, Lucie Chenu, Lionel Davoust, Jess Kaan, Charlotte Bousquet, Laurent Queyssi.
Editeur : Hydromel
Nombre de pages : 254

La guerre, c’est l’opéra grotesque d’un crime à grande échelle ; une forme fondamentale de la nature humaine, le théâtre atavique de la discorde. La guerre, c’est l’abandon de soi dans l’idée commune, et l’expression la plus extrême de la solitude de l’être. 
Quatorze déclinaisons sensibles et concernées sur la pandémie la plus imaginative de l'Histoire ; de l'esthétique du conflit à la mise en scène de l'horreur brute d'un enfant-soldat, les textes composent de la guerre dans notre société et dans nos imaginaires ; de la dissension entre et au sein des êtres, de la mémoire dans nos structures, sous toutes nos coutures.
De l'humain bâti sur le feu pour s'anéantir dans ses braises. De la tension, de l'exécution, du souvenir, avec violence, lassitude — avec espoir, parfois ; puisqu'il ne s'agit au final rien de moins, dans toute la splendeur de son ironie, que d'une bataille contre la guerre.

Vous aimerez :
- le message, subtil mais présent
- le traitement non manichéen du thème

Vous n'y trouverez pas :
- beaucoup d'optimisme
- une grande variété de genres

Mon avis ?
En ouvrant cette anthologie, j'avais peur de finir ma lecture aux Dépressifs Anonymes... humour douteux mis à part, sans dire que cet ouvrage regorge d'optimisme, il est loin d'être aussi dur que je ne le craignais. En effet, dans la plupart des textes, en dépit du contexte forcément difficile et violent, il souffle un vent d'espoir, un message, qui est plus ou moins le même d'une nouvelle à l'autre, qui se dépeint sous plusieurs nuances : faisons la guerre à la guerre.
Une anthologie qui dénonce, donc. Fatalement, on y trouve beaucoup de textes d'ambiance fantastique, se déroulant en Afrique contemporaine (ce qui m'a un peu énervée : on réduit toujours l'Afrique à ses enfants soldats, j'en ai marre de ce raccourci !) ou dans le bassin du Golfe persique, de nos jours toujours... certains textes parviennent à éviter les clichés, d'autres pas.
J'ai bien aimé cette anthologie, mais pas dans son ensemble. En fait, je n'ai pas adhéré à la nouvelle qui ouvre l'ouvrage (trop surréaliste à mon goût), et rien compris à celle qui fait office de clôture (un délire théâtral autour de Lois et Clark...). La qualité des écrits n'est ici pas remise en question : c'est surtout de mes goûts de lectrice dont je parle. Car il y a quelques magnifiques perles de beauté, de violence et d'espoir à l'intérieur. Parmi mes préférées, je cite volontiers :
* Théâtre des opérations, de Stéphane Beauverger : j'aimais déjà cet auteur pour son merveilleux Déchronologue, mais là je l'adore encore plus. J'ai pleuré à la lecture de ce texte, tendre, beau, doux, qui fait le récit d'une compagnie de cirque qui fait la guerre à la morosité. C'est beau, subtil, bien écrit, émaillé de personnages métaphoriques et de vérités évanescentes. Un texte beau comme un rêve un peu cruel, dont on se réveille heureux d'en être sorti, mais surtout heureux de l'avoir vécu (et donc, ici, lu).
* La querelle des anges égarés, de Li-Cam : je n'ai pas encore parlé de cette auteur sur ce blog (honte à moi !), mais je l'ai déjà lue chez Griffe d'Encre, pour son roman Lemashtu (j'en parlerai sous peu, du coup). Elle nous livre ici un texte éclaté, presque déconstruit mais étonnant de cohérence, qui retrace l'affrontement sur Terre de deux anges : celui du pardon et celui de la destruction. Outre l'histoire, déjà émouvante, je retiens surtout le point d'honneur qu'a mis l'auteur à mélanger Bible et Coran, à nous rappeler à quel point les guerres de religions sont vaines tant les religions se ressemblent au fond... sublime !
* La jeune fille et la mort, de Charlotte Bousquet : je sais que l'auteur attache beaucoup d'importance à la condition de la femme à travers le monde, et ce texte rejoint ce thème de son écriture. Je n'en dirai pas grand chose, sinon qu'il prend aux tripes et, tout en explorant des faits déjà abordés cent fois, parvient à nous donner une claque mentale et morale, une bonne piqûre de rappel. Cruel mais diablement efficace. Un bijou d'écriture, aux arêtes effilée comme un rasoir.

En bref, une anthologie de qualité en dépit du fait que je n'ai pas adhéré à tous les textes. J'en retire tout de même trois coups de cœur, ce qui en fait pour moi une très bonne lecture que je n'oublierai pas de sitôt.

3/5

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